Monsieur le Directeur des opérations,
Mesdames et Messieurs les conseillers,
Mesdames et Messieurs les directeurs généraux, directeurs et coordonnateurs,
Mesdames et Messieurs, Chers amis,

C’est pour moi aujourd’hui un moment important car c’est le premier grand atelier de réflexion que j’ai l’honneur d’ouvrir dans le cadre de mes nouvelles fonctions en tant que Coordonnateur Général de l’OMRH.

Je mesure l’importance de cette rencontre pour la problématique de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la SAN, en Haïti – quand on sait combien une partie de notre pays souffre encore de l’impact dévastateur de l’ouragan Mathieu, notamment dans la Grande Anse.

Le sujet est d’importance et je tiens à vous remercier d’être venus si nombreux, en provenance d’une quinzaine de ministères et Organismes Autonomes Sous Tutelle.

L’audit organisationnel dont nous allons aujourd’hui entendre les premiers résultats et dont nous allons ensuite débattre en groupes de travail est le 8ème. Il s’inscrit dans la démarche de réforme de l’Etat, dans l’axe 2 Administration Publique du Programme Cadre (PCRE 2012-2017) porté par l’OMRH, au chapitre de la refonte des lois organiques.

Mais cet audit SAN est d’une nature différente de celle des autres.

L’audit SAN ne porte pas sur l’organisation d’un ministère mais sur une thématique, au périmètre malaisé à circonscrire.

En effet, même quand un ministère a de nombreux organismes autonomes sous sa tutelle – comme le MTPTC par exemple, 7ème ministère audité, avec ses 12 OAST, le ministère a une certaine cohérence interne et peut trouver des limites au périmètre de son action.

Le périmètre de la SAN semble ne pas avoir de limites.

La SAN est un sujet éminemment politique et c’est aussi un sujet fondamentalement économique et social.

Et dans chacune de ces trois branches, il y a des sous-ensembles.

Par exemple, dans sa dimension politique, la SAN relève à la fois du législatif pour les grandes orientations et la loi et de l’exécutif pour l’élaboration de la politique publique et du plan d’action.

La SAN s’inscrit aussi dans les territoires et relève d’une part de manière abstraite de l’aménagement du territoire et de la planification et d’autre part de manière concrète de la gestion des collectivités territoriales.

Et la SAN se trouve aussi à l’intersection entre les services déconcentrés de l’Etat et les services décentralisés des collectivités territoriales, notamment des communes.

Dans le secteur économique, la SAN s’inscrit dans tous les départements ministériels de ce secteur, avec d’une part l’économie et les finances, la planification et la coopération externe, le commerce et l’industrie – et leurs OAST comme le BMPAD, le FAES ou le FER, et d’autre part l’agriculture, l’environnement, l’eau et les transports – avec leurs OAST comme l’INARA, l’ONEV et la DINEPA.

Le domaine social n’est pas en reste avec la santé publique et la population – avec sa stratégie nationale de nutrition, les affaires sociales et le travail, l’éducation nationale et la formation professionnelle et son programme national des cantines scolaires (PNCS).

La simple énumération que nous venons de faire met en évidence la multiplicité des acteurs, publics et privés, centraux, déconcentrés et décentralisés – sans oublier nos partenaires techniques et financiers (PTF), et la complexité des relations entre tous ces acteurs.

En 1996, la déclaration du sommet mondial de la FAO à Rome a essayé d’apporter une réponse à ce défi institutionnel et organisationnel.

Les chefs d’Etat et de gouvernement y ont pris 7 engagements et le 7ème est centré sur la gouvernance.

Le président d’Haïti a signé la déclaration de Rome et a créé un Conseil Interministériel de Sécurité Alimentaire (CISA), avec le MEF, le MPCE, le MARNDR, la MSPP et le MCI, et mis en place un mécanisme de coordination, l’actuelle Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA).

Inspiré directement de la déclaration de Rome et en application de l’annexe de la déclaration, un plan d’action SAN a été élaboré dès 1996. Il a été révisé en 2010 et il est en cours de révision. Il porte en germe la politique nationale de SAN pour Haiti, la PNSSANH. MM. PIERRE et MERISIER ont suivi ce travail interministériel au sein de la Primature et vont nous en parler.

Parallèlement, le Parlement s’est aussi penché sur le problème et le Sénat a voté une proposition de loi en 2014 et la Chambre des Députés en 2016 – sur un texte modifié. La proposition se heurte à l’article 111 de la Constitution sur la création d’un fonds d’urgence envisagé à l’article 18 – qui impose une initiative de l’exécutif et un 1er vote par la Chambre.

Voilà, de façon très rapide et schématique quelques uns des enjeux de la SAN en Haïti.

Notre atelier de réflexion a pour objectif aujourd’hui d’identifier ces défis et d’essayer de faire des propositions d’améliorations.

Je compte donc sur vous tous pour mettre en synergie vos connaissances et votre expérience – complémentaires.

Cet atelier est un moment important en raison de la diversité des organismes que vous représentez et la complexité des liens qui les relient entre eux.

A la fin de la journée, nous espérons des propositions constructives pour une gouvernance de la SAN légitimée par des textes, renforcée dans son efficacité et modernisée dans ses moyens. Vos contributions seront précieuses pour l’audit organisationnel en cours et, au-delà, pour permettre au pays de remplir pleinement ces engagements au service de tous ses citoyens.

Bon travail à tous !